mardi 27 octobre 2009

Les devoirs des fonctionnaires

Parmi les réformes du gouvernement de M. Sarkozy se trouve la lecture obligatoire de la lettre d'adieu de Guy Moquet à sa famille. Cette nouvelle obligation a engendré une grande controverse dans le milieu enseignant qui n'est toujours pas finie. En effet la note de service du 16 septembre donne de nouveau les consignes concernant le devoir de mémoire.

Dans cette note il n'est effectivement pas dit clairement que les enseignants doivent faire lire la lettre de Guy Moquet, mais il est cependant marqué que le travail de mémoire est obligatoire. En effet la note dit que "Ces lectures, laissées à l'initiative de chacun, pourront par exemple être choisies dans l'annexe parmi les textes proposés [...]". Il est donc obligé de prendre un texte dans les annexes, mais pas forcement cette lettre qui fait un tel remue-ménage. Parmi les 23 textes on peut dire qu'il existe un certain choix, cependant une chose est à noter. Tous les textes sont groupés, à l'exception de la lettre de Guy Moquet qui se trouve isolée en première place, cela laisse entendre qu'elle a une place préférentielle.

Si je parle de tout cela, ce n'est absolument pas pour parler du devoir de mémoire, puisque ce n'est pas ma matière qui commémore les atrocités de la seconde guerre mondiale, mais pour argumenter mon point de vue sur les réactions des enseignants. Suite à toute la polémique sur ce sujet
Henri Guaino (conseiller spécial de l’Élysée) a rappelé que les enseignants avaient le devoir d’"obéir aux directives". Il a également ajouté que le métier d'enseignant "n'est pas une profession libérale [le métier d'enseignant], c'est une profession de fonctionnaire. Il y a des directives [...]".

Je me permets donc de ressortir la loi du 13 juillet 1983 qui porte sur les droits et obligations des fonctionnaires. Mon point de vue est extrêmement mal vu parmi mes collègues mais tant pis. Je suis fonctionnaire et je travaille pour le ministère de l'éducation nationale. Lors des élections présidentielles les programmes portent également sur l'éducation. Nous sommes en démocratie et tout le monde a le droit de voter pour ce qui lui semble le plus juste. Donc lorsqu'un gouvernement est élu, il est élu par la majorité de la population. Pourquoi donc du haut de mon statut de fonctionnaire je me permettrais de refuser les réformes du gouvernement qui ne sont que la prolongation des votes des citoyens, c'est-à-dire notamment des parents d'élèves.

Je pars du principe que, même si je peux parfois être en désaccord avec le gouvernement sur la direction que suit ou ne suit pas l'éducation nationale, j'ai accepté ce poste en connaissance de cause et que je suivrai donc les directives. Si quelque chose ne me convient pas je voterai en conséquence lors des prochaines élections, je ferai part de mes remarques à mes supérieurs lors des occasions qui me sont offertes de parler. Alors peut-être que je suis le "fayot" de mon collège, mais peut-être également que je suis un peu plus professionnel que certains.

jeudi 15 octobre 2009

Vers un nouveau lycée en 2010

"Vers un nouveau lycée en 2010" est le titre du dossier de présentation de la réforme des lycées.

Ce dossier a été présenté en même temps que le discours du président de la république, discours dont les points sont repris justement dans ce dossier.

En dix pages, le document présente les trois axes principaux de travail de la réforme des lycées. Les points à travailler sont donc : l'orientation, l'accompagnement et le "synchronisme".

Les axes de travail sont présentés de façon très simple. Par exemple dans la partie "Mieux s'orienter" on peut lire que dans le nouveau lycée il y aura "Un temps consacré à l’orientation inscrit dans l’horaire de l’élève". C'est bien beau, mais encore faut-il que ce temps soit bien utilisé. Autre exemple dans la partie "Mieux accompagner chaque lycéen" on peut lire qu'il faudra "Aider ceux qui rencontrent des difficultés, avant qu’elles ne s’enracinent, pour prévenir l’échec et le décrochage". Je suis tout à fait d'accord, mais comment les aidera-t-on ?

Dans la partie "Mieux s'adapter à son époque", c'est les langues étrangères et la culture qui sont visées. Il y a deux points qui ont particulièrement retenu mon attention. Tout d'abord le ministère veut que les professeurs de langue commence à "Renforcer l’apprentissage oral des langues étrangères grâce à l’usage des nouvelles technologies". J'aime bien ce genre de formulations qui peuvent pratiquement tout dire.
De façon plus personnelle j'ai également remarqué qu'il fallait "Développer les enseignements en langues étrangères (histoire, sciences…)". Si je comprends bien il va falloir qu'une partie de mes cours soient en anglais ? Cela va être drôle quand on voit à quel point mon anglais est mauvais. Ou alors ce seront les professeurs de langues qui feront mes cours, mais alors là il va leur falloir une remise à niveau.

Tout cela pour dire que les propositions de cette réforme sont parfois intéressantes, parfois étonnantes, mais dans tous les cas fortement imprécises. J'attends donc des détails sur ce projet qui, bien qu'extrêmement critiqué (et que pourrait-on attendre d'autre des enseignants ?), sera le futur cadre d'enseignement dans lequel j'aurai à travailler.

L'allocution de Monsieur le Président de la République

Hier 15h50, je reçois sur mon mail académique un mail de Monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale Luc Chatel. Dans ce mail Monsieur Chatel explique que la réforme des lycées a été présentée au Président de la République et que le dossier d'information est disponible sur le site du gouvernement.

En allant chercher ce document je suis tombé sur l'allocution du Président de la République du mardi 13 octobre que je n'avais pas écoutée alors. Je me suis donc assis dans mon fauteuil pour suivre ce discours. Pour ceux qui voudraient suivre mon exemple vous pouvez écouter ou lire tout cela sur le lien suivant.

Je ne vais pas faire un retour sur tout ce qui a été dit dans ce discours, je vais plutôt parler des quelques points que j'ai retenus.

Tout d'abord Monsieur Sarkozy énonce les chiffres des "échecs" de l'enseignement secondaire. Le nombre de redoublants, le nombre de réorientations, le nombre de sorties du système sans diplôme. Il souligne cependant également que malgré ce triste constat le système marche bien, mais surtout pour ceux qui réussissent.

Le second point concerne le problème bien connu de la survalorisation de la filière générale scientifique au détriment des autres filières. Naturellement c'est un des grands enjeux de la réforme, tenter de supprimer ce favoritisme d'une unique filière pour un rééquilibrage des voies.

Le troisième point concerne le problème lié à l'enseignement des langues dans notre système éducatif. Pas assez d'oral, trop peu de compétences. Enfin bref, il faut revoir cet enseignement-là. A ce sujet j'aimerais ici parler de G-Prof, mon collègue d'espagnol. Nous avons longuement parlé hier des problèmes qu'il rencontre dans notre collège. Il note deux points qui freinent fortement son enseignement. Tout d'abord les élèves, bien qu'ayant suivi des cours d'espagnol auparavant, n'ont aucun des prérequis normalement acquis. Le second constat que je confirme c'est que les élèves n'ont aucune motivation. Ils refusent d'apprendre, refusent de travailler, et finalement soit on fait cours pour 3 ou 4 élèves, soit on passe son temps à se battre avec les autres élèves. Donc il faut réformer l'enseignement des langues.

Le dernier point concerne l'accès à la culture. Il faut apprendre à nos élèves à s'intéresser à la culture. Pour ce faire une réforme a déjà été lancée avec l'apparition dès le brevet 2010 d'une épreuve orale "histoire des arts". J'aurai l'occasion d'en reparler quand nous organiserons cela dans l'établissement, cependant on peut déjà dire que c'est amusant de voir une épreuve apparaître sans qu'il n'y ait de cours associé. En effet le cours histoire de l'art, dont parle le Président de la République dans son discours, sera instauré dès l'année prochaine donc avec un an de retard.
Ensuite concernant l'accès à la culture il propose deux axes de travail que je trouve intéressants, même si je reste quelque peu sceptique. Tout d'abord l'installation dans les 4500 lycées français d'une cinémathèque contenant 200 films dits "classiques" du cinéma international. En effet il reproche à notre jeunesse d'être abreuvée d'images mais de ne plus avoir de culture cinéphile.
Enfin il propose que lorsqu'il y a des premières dans un opéra ou un théâtre national pour une œuvre financée publiquement, une retransmission soit diffusée dans tous les lycées afin de former un nouveau public à cet art. Je trouve cette dernière idée vraiment excellente. J'ai toujours été déçu de ne pas avoir l'occasion d'aller plus souvent au théâtre ou à l'opéra. Reste à espérer que cette idée touche également nos élèves qui risquent cependant d'être très réticents à l'idée de voir ces arts qui sont tout de même encore assez élitistes.

Enfin, et pour finir, je souhaite remercier Monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale Luc Chatel pour toute la confiance qu'il met dans notre travail à travers la dernière phrase de son mail : "Je voudrais enfin profiter de ce courriel pour vous remercier encore une fois du travail remarquable que vous accomplissez chaque jour au service de la réussite de notre jeunesse."

mardi 13 octobre 2009

Un incident

Ce matin, pendant que je fais se ranger les élèves pour les amener dans la cour pour le cross, un des élèves prononce fortement le salut nazi "Heil Hitler".

Très perplexe, je ne peux pas lui demander son carnet de liaison car les élèves n'ont pas leur affaire. Qu'à cela ne tienne pendant que l'on descend les marches je lui fais remarquer qu'il est très grave de proférer de tels mots, mais l'élève me répond que ce n'est pas grave du tout.

Une fois ma surveillance du cross fini je vais voir S-Prof, une enseignante d'allemand avec qui j'ai sympathisé pour lui demander l'orthographe du salut précédent. Je croise également la principale et je lui raconte l'histoire. On va donc chercher tous les deux le document pour faire le rapport d'incident, mais aucune des cases à cocher ne correspond à la situation. La principale doit encore trouver la sanction adéquate, et ce n'est pas simple. Elle réfléchit à un travail en partenariat avec l'enseignant en histoire et géographie.

Après en avoir parlé avec les collègues de la classe j'apprends qu'un collège a rencontré le père l'année précédente et que finalement ce n'est pas si étonnant de se retrouver avec ce type de problèmes.

Racisme et intolérance font effectivement partie du quotidien de ces enfants. C'est bien triste de voir où cela mène. Espérons qu'au moins cet élève comprendra tout ce que son salut a de malsain.

Le cross

Aujourd'hui au collège c'était le cross des élèves. Une course d'endurance où les élèves font trois fois le tour du collège. Pour l'occasion tous les cours de la matinée sont naturellement annulés, et tous les élèves participent.

Chaque enseignant a reçu le lieu où il doit surveiller, pour ma part je suis chargé de surveiller la section qui se trouve juste au début de la course et juste en face de l'entrée du collège. J'arrive donc le matin comme d'habitude et je me vois remettre par un des profs d'EPS une enveloppe contenant les dossards de toute la classe que je dois gérer.

Je vais donc chercher la classe dans la cour de récréation puis je les amène dans ma salle. Là je fais l'appel, je leur distribue les dossards et j'ouvre le laboratoire qui se trouve relié à ma salle pour que les filles aillent se changer. Je précise que c'est bien entendu interdit, vu que le laboratoire contient des produits chimiques, mais bon...

Je descends donc les élèves de nouveau dans la cour où c'est déjà le bazar. Des élèves partout prêts à courir. Je vais donc rejoindre mon poste, où je rencontre un agent de l'établissement que sera mon coreligionnaire dans cette épreuve.

Tout se passe bien. On râle beaucoup contre les élèves qui n'arrêtent pas de vouloir bouger. Une collègue enseignante est également affectée à ce point et à nous trois nous gérons le lieu, l'avantage d'être enseignant c'est que l'on connait les prénoms des élèves et donc il nous est plus facile de les interpeler.

Finalement je n'avais qu'une heure à surveiller sur les quatre, et donc dès que la première heure est finie je quitte mon poste pour gérer d'autres problèmes que j'avais en suspens. Je profite notamment que tous les enseignants soient réunis pour aller parler avec certains d'entre eux des PPRE.

J'ai alors découvert qu'une voiture de livraison était entrée au mauvais moment dans l'établissement. En effet elle s'est retrouvée bloquée car, les élèves courant, le chemin inverse était impossible. J'ai donc pris en charge ce problème et libéré la voiture. Je me suis également retrouvé à aider à faire le café.

Finalement j'ai trouvé que cette matinée était une très bonne matinée, même si je ne suis pas resté jusqu'au bout. La seule déception que j'ai, c'est que contrairement aux années précédentes, les enseignants ne participent pas au cross. Cela aurait pu être amusant et aurait également apporté deux avantages : une activité commune entre les élèves et les enseignants, ainsi qu'une surveillance interne de la course.

Enfin voilà, si vous êtes dans un établissement où cela ne se fait pas, essayez d'en organiser un, ça en vaut la peine et c'est tout à fait faisable.

jeudi 8 octobre 2009

Augmentation

Et voilà la nouvelle augmentation qui est tombée. Pour ceux qui n'auraient pas suivi comment fonctionne la rémunération des profs et qui ne sauraient pas ce qu'est le point je vous renvoie à mon post Les traitements.

Il était donc prévu pour cette année une augmentation du salaire de tous les fonctionnaires. La première augmentation du point avait eu lieu en juillet où le point était passé de 54,8475 euros à 55,1217 euros, ce qui correspond à une augmentation de 0,5%.

Le point vient de subir sa seconde augmentation et passe à 55,2871 euros, ce qui correspond à une augmentation de 0,3%. Pour ceux qui douteraient n'hésitez pas à aller consulter le "Décret n°2009_1158 du 30 septembre 2009 (J.O. du 1er octobre 2009)".

Juste pour un ordre d'idée avec mon indice de 376, ça correspond à une augmentation de 5,18 euros par mois. Et donc pour continuer la comparaison, cela fait une augmentation de 13,77 euros en prenant en compte l'augmentation de juillet. Finalement cela donne une augmentation à mon niveau de 165,24 euros par an. C'est pas mal non ?

Je suis content.

mercredi 7 octobre 2009

Le PPRE

Le Projet Personnel de Réussite Scolaire est un projet qui se fait dans les collèges et qui sert à ... aider quelques élèves à régler certains problèmes. Voilà en gros tout ce que je sais sur ce PPRE.

Suite à une réunion qui a eu lieu lundi et dont le compte rendu nous est revenu aujourd'hui, je dois pour vendredi donner le nom des élèves qui, selon moi, peuvent gagner à avoir un PPRE. Je dois faire cela avec ma classe puisque je suis professeur principal.

Le problème c'est que d'un je n'ai pas la moindre idée de ce qu'est un PPRE, que personne n'arrive à me l'expliquer clairement, et pire, que personne n'arrive à me dire comment on choisit les élèves.

J'ai eu droit à des :
"C'est pour régler des problèmes de n'importe quel type."
"Tu dois choisir les élèves qui selon toi ont un problème ciblé et qui peuvent gagner à avoir un PPRE."

Le problème c'est que ne sachant pas comment s'organise un PPRE, en quoi il consiste je ne risque pas d'arriver à savoir si ce sera utile. Et pour les problèmes, je dirai que chaque élève a un type de problème donné. Ceux qui ont du mal à lire, ceux qui sont timides, ceux qui n'arrivent pas à tenir un cahier ou un cahier de texte, ceux qui s'organisent mal, ceux qui n'arrivent pas à faire leurs devoirs, ceux qui oublient sans arrêt leurs affaires.

Bref je pense que je n'ai absolument pas l'expérience ni le recul pour prendre cette décision. Mais j'ai beau en parler autour de moi, personne ne m'aide réellement. Demain je n'ai pas cours au collège et je n'irai donc pas. J'arriverai donc vendredi au collège avec aucun nom à donner et aucune idée de ce que je dois faire. J'irai donc voir la principale pour me faire taper dessus comme il se doit pour mon manque d'implication dans le projet PPRE, et on verra ce qu'il en sortira.

Ce matin

Je m'en viens vous décrire ma matinée de travail.

J'arrive donc comme à chaque fois avec en gros une demi-heure d'avance. Je regarde s'il y a du nouveau dans mon casier : rien de neuf. Je prends le cahier d'appel de la classe que j'ai pour la première heure puis je monte dans ma salle. Je sors tout mon matériel : ma trousse, les livres, les cahiers avec mes cours, mon agenda avec les devoirs des élèves, mon cahier avec les absences, les punitions, les retards et tout ce que je peux avoir besoin de noter. Je prépare mes petites fiches pour indiquer les absences de chaque heure qu'il faut mettre sur la porte. Je sors également mon cahier de texte où sont notés tous les cours que je fais à chaque séance pour chaque classe et j'ouvre tout à la bonne page.

Je ferme alors ma salle et je retourne en salle des profs. Je dis bonjour, je parle un peu avec les collègues que j'aime bien. Le principal adjoint fait sa tournée du matin pour dire bonjour à tout le monde. La sonnerie retentit et nous sortons tous prendre nos élèves qui sont rangés dans la cours de récréation, sur des indications peintes au sol.

Le premier cours se passe très bien. Je travaille l'électricité avec mes élèves de cinquième. Un élève qui est extrêmement difficile à gérer depuis deux semaines est parfaitement calme et sérieux. Très étonnant, mais il faut simplement se réjouir. J'espère que cela durera. Après la première heure la sonnerie retentit de nouveau et on passe à la nouvelle classe.

Je travaille désormais sur l'air avec des élèves de quatrième. Ils sont un peu turbulents et il faut que je râle à plusieurs reprises pour les garder concentrés sur le cours. Je mets deux mots dans les carnets de liaison pour calmer les plus rebelles. Finalement tout se passe plutôt bien et la sonnerie retentit une nouvelle fois : c'est la récréation.

Certains profs profitent de la récréation pour souffler, et il faudra que je finisse par faire comme eux, mais pour le moment je continue à bosser pendant ces quinze minutes. Je sors donc mon cahier de texte et je note les deux cours du matin. Je range les cours de quatrième et je remet tous les cahiers à la page du prochain cours. Je descends enfin en salle des profs pour déposer le cahier d'appel des quatrièmes, prendre celui de la classe que j'ai ensuite. Je croise le professeur principal d'une cinquième avec laquelle j'ai des problèmes et j'en profite pour discuter un peu du cas de deux élèves. La sonnerie retentit de nouveau et c'est reparti.

Je vais donc chercher les élèves dans la cour et nous partons pour la salle de sciences physiques. Je continue le cours d'électricité avec ces cinquièmes-là. Tout se passe bien, les élèves sont attentifs, essayent de répondre. Il faut bien sûr toujours faire la police, mais le cours avance à leur rythme, et je ne suis pas encore en retard sur le planning de l'année. La sonnerie annonce de nouveau la fin du cours et il y a un nouveau déplacement d'élèves dans les couloirs.

Une autre cinquième vient alors prendre la place de la précédente et je tente de commencer le cours. Malheureusement voilà que tout ne va pas du tout bien continuer. Autant tout avait été relativement calme ce matin-là, autant tout va partir en vrille. Dans cette classe se trouvent deux élèves particulièrement turbulents. Le premier des deux a commencé très fort en début d'année en étant agressif et refusant de travailler. Après quelques cours de bataille un équilibre s'est installé : il ne travaille pas, ne prend pas son cours, mais il reste calme au fond de la salle et manipule lorsqu'il y a des expériences à réaliser. Le problème vient de l'autre élève. Il commence le cours en critiquant ouvertement le professeur de mathématiques qu'il a eu précédemment. G-Prof est un stagiaire très sympathique qui essaye tout comme moi de tenir les élèves et qui, tout comme moi, n'arrive pas à gérer cet élève-là. Il commence en disant qu'il le "saoule", qu'il le "fait chier". Je lui demande donc de se taire sachant bien que je n'arriverai jamais à obtenir des excuses pour ce collègue. Toute la classe s'installe mais l'élève reste tourné vers le fond de la classe. Il faut que j'intervienne à plusieurs reprises pour qu'il se retourne en proférant des "fait chier", "putain", "bordel". Je lui demande donc d'arrêter ses vulgarités tout en prenant son carnet de liaison. Il se lance alors dans des "virez moi du cours ça me fera partir de ce cours de merde et de collège de merde", "putain fait chier mais virez moi", "putain me fait trop chier ce collège à la con" et j'en passe... Finalement n'arrivant pas à l'empêcher de se retourner, je l'envoie au fond de la salle où il restera jusqu'à la fin de la séance à dire des grossièretés et à faire des doigts d'honneur à ses camarades. Je lui mets donc un mot dans le carnet de liaison et je vois que je suis le troisième prof à signaler ses grossièretés incessantes. Enfin la sonnerie retentit pour la dernière fois de la journée et les élèves commencent à sortir. Je demande à l'élève de rester pour que je lui parle mais il passe devant moi lentement et calmement en m'ignorant complètement. Il sort de la salle et je me met à la porte pour lui crier de revenir, mais il continue à marcher et s'en va sans même reprendre son carnet de liaison. Je range alors ma salle un peu énervé, et je redescends en salle des profs. Je passe à la vie scolaire récupérer une feuille pour faire mon rapport d'incident que j'ai remplie dans l'après-midi. Je croise le professeur principal de cet élève, mais il a déjà été exclu, déjà été collé, les parents ont déjà été rencontré.s Rien n'y fait, on doit le garder et c'est tout. Mon rapport ira compléter son dossier scolaire, mais est-ce que quelque chose changera... j'en doute.

Je me suis donc reposé cet après-midi. Le plus dur dans ce travail, ce n'est pas les cours à préparer, les classes un peu turbulentes, les réunions avec les collègues, pour moi cette année c'est ces quelques élèves qui arrivent à ébranler mon calme. Vivement que je me blinde un peu plus. Finalement cette cure en collège zone sensible va me faire du bien.

mardi 6 octobre 2009

Une plongée dans les archives

J'avais ce projet déjà depuis quelques temps, mais je n'ai réellement commencé qu'aujourd'hui. Je suis donc dans mon collège depuis un peu plus d'un mois et finalement tout ce que je sais sur l'établissement c'est ce que m'en ont dit mes collègues et les gens du coin. Mais finalement je n'ai que quelques bribes de l'histoire du collège.

J'ai donc pris mon ordinateur en main en rentrant du collège tout à l'heure et je me suis connecté aux archives du journal local. Après une petite recherche à "collège de Y-Prof" je suis tombé sur plusieurs articles. Et me voilà donc avec des archives sur quelques projets médiatisés du collège de l'année dernière. C'est ma foi très intéressant de découvrir des activités que j'ignorais totalement au sein de l'établissement.

Je ne puis malheureusement pas aller plus en arrière dans le temps avec les archives de ce site, mais j'ai au moins un aperçu. Je crois que je vais désormais suivre avec un peu plus d'attention la presse locale car depuis la rentrée il y a déjà eu trois articles sur le collège.

J'encourage tous les nouveaux arrivants à faire cette petite recherche dans leur propre établissement, c'est très instructif.

Des sorties

J'ai eu par deux fois l'occasion de sortir "mes" élèves ces derniers jours. Les deux sorties éducatives étaient respectivement sur les conduites de consommation à risque et les conduites auditives à risque.

J'étais tout d'abord un peu inquiet car c'était la première fois que je sortais des élèves d'un établissement scolaire. De plus étant dans une petite ville les déplacements se font à pied. Heureusement tout s'est très bien passé.

Les deux sorties ont cependant été très différentes. Lors de la première sortie les élèves ont été assez turbulents et il a fallu les recadrer à plusieurs reprises. Les élèves ont du mal à rester concentrés sur une consigne. En effet au début ils se mettent en rang, mais dès qu'on arrête de les regarder ils se regroupent comme une meute. Il faut réintervenir indéfiniment pour les garder rangés. Pour eux le fait de sortir c'est une récréation et ils ne se rendent pas compte qu'en se comportant toujours ainsi ils risquent un jour d'être privés de ces sorties.

La première sortie était donc sur les conduites de consommation à risque : alcool, tabac, drogues douces et drogues dures. Finalement ils ont été assez peu intéressés. De plus des problèmes d'organisation les ont empêché de tout finir, et ils n'ont fait que les deux tiers de ce qui était prévu à l'origine. Ils continuent à rire des drogues : "c'est n'importe quoi, l'alcool c'est pas une drogue", "bah le shit c'est pas dangereux", et ainsi de suite.

La seconde sortie était, selon moi, bien plus intéressante. Nous étions tous réunis dans le théâtre de la ville et nous avons eu un spectacle sur l'audition. Au début nous avons eu droit à une petite pièce éducative où des "vieux" montrent ce que c'est que de ne plus entendre. Puis ils se remémorent leur passé et suit à cela une rétrospective des différents types de musique depuis le début du vingtième siècle : blues, rock'n roll, disco, rap pour n'en citer que quelques uns.
Ce qui est dommage avec ce spectacle c'est que les élèves focalisent sur la musique, et tout ce qui est dit sur les "risques" est complètement oublié. J'ai pu le vérifier en rentrant au collège en parlant avec quelques élèves. Ils ne retiennent réellement que la musique et ils continuent à dire que la musique ne peut pas être dangereuse. Dommage, le message n'est pas passé.

J'aurai de nouvelles occasions de sortir avec le collège cette année et je n'hésiterai pas à venir vous raconter cela. En tout cas j'ai trouvé que c'était une expérience très intéressante et il me tarde déjà de recommencer.