jeudi 17 juin 2010

Le rythme scolaire

Depuis quelques temps on entend beaucoup parler du changement de rythme scolaire. On a notamment eu le plaisir de recevoir un mail concernant le discours de Luc Chatel sur les changements de rythme scolaire.

Un point qui m'intéresse particulièrement est la diminution de la durée des vacances d'été. Un des projets proposés est de raccourcir ces vacances de deux semaines en utilisant les zones. Une zone sera en vacances de mi-juillet à fin-août, une de début-juillet à mi-août, et la dernière serait intermédiaire.

Je trouve que cette idée est vraiment bonne. Je me pose cependant une question. On sait déjà qu'en juin il est difficile de faire cours lorsqu'il fait très chaud, en effet les établissements scolaires sont mal isolés. Donc si on diminue effectivement la durée de ces vacances, comment compte-t-on rendre les conditions de travail envisageables avec des température qui seront vite invivables. Je rappelle, au cas où, que les établissements scolaire n'ayant pas toujours les moyens d'acheter un cahier à un professeur (c'est l'intendante qui m'a informé de cela...), il sera bien entendu impossible de climatiser les établissements scolaire.

Déjà qu'on a pas toujours des salles chauffées...

lundi 7 décembre 2009

Les chroniques de Rose Polymath

Tant que je suis dans la vulgarisation j'en profite pour faire une petite référence littéraire que je dois à mon regretté G-Prof, décédé bien trop tôt, à qui je dois nombreuses de mes réflexions.

Ian Stewart, dont j'ai parlé dans mon post précédent, est un mathématicien qui a travaillé notamment sur la vulgarisation scientifique. Je l'ai découvert à travers trois bandes dessinées passionnantes.

Les chroniques de Rose Polymath comptent trois tomes : Ah les beaux groupes, Les fractals et Oh! Catastrophe. Ces trois ouvrages traitent des trois théories mathématiques du même nom. La particularité de ces livres est qu'ils expliquent de façon abordable pour tout un chacun des théories mathématiques qui sont assez compliquées à comprendre lorsque l'on est pas matheux.

Ces livres ont été publiés en France dans les années 80 aux éditions Belin. Si vous avez l'occasion de les trouver, essayez de les lire, ils en valent le détour.

Les mensonges pour enfants

J'aimerai ici parler d'un sujet qui m'intéresse tout particulièrement. Ce concept n'est pas de moi, j'ai eu l'occasion de le trouver dans un ouvrage de vulgarisation coécrit par messieurs Jack Cohen et Ian Stewart, sur une illustration littéraire de l'œuvre de Terry Pratchett.

Toute la question est ici de voir l'éducation comme un mensonge intelligent que l'on utilise afin que l'enfant à éduquer puisse comprendre une notion trop vaste pour sa maturité. C'est effectivement une grande partie du travail d'enseignant : trouver le mensonge le plus adapté à la situation.

Prenons un exemple : l'arc-en-ciel. Tout le monde a déjà vu un arc-en-ciel, et tout le monde c'est déjà demandé "Pourquoi voit-on un arc-en-ciel après la pluie ?". Et c'est là que tous les scientifiques donnent la même réponse : c'est à cause de la réfraction de la lumière par les gouttes de pluie. Vous avez déjà tous fait l'expérience de la réfraction, soit en utilisant un prisme, soit en observant les arcs colorés qui apparaissent sur un CD (c'est en fait lié aux multitudes de minuscules sillons dans le CD qui sont tous orientés de la même façon, on appelle cela un réseau) ou encore par d'autres méthodes moins connues. Et alors c'est effectivement logique de se dire : et bien l'eau va réfracter la lumière du Soleil et op ça forme un arc-en-ciel.
Et c'est totalement faux. Mais pourrait-on dire la vérité à un élève ? Il ne comprendrait pas du tout cette notion si commune mais ô combien complexe. Pour vous montrer dans les grandes lignes sachez qu'un arc-en-ciel n'est pas le fait d'une réfraction "normale", la preuve en est que quelque soit votre position par rapport à l'arc-en-ciel, ce dernier ne bouge absolument pas (regarder bien ce phénomène lorsque vous "fabriquez" un arc-en-ciel en arrosant votre jardin). C'est un phénomène lié à la nature ondulatoire de la lumière, les gouttes de pluie forment un immense système diffractant périodique et une interférence d'onde produit l'arc-en-ciel, c'est un phénomène quantique.
Vous avez compris ? C'est peut-être pour cela que le phénomène de l'arc-en-ciel se voit en bac+5 et non au lycée.

Pour en revenir au sujet de mon post, je trouve cette notion de mensonge pour enfant extrêmement intéressante. Elle m'a permis de voir mon enseignement sous un jour nouveau qui me permet plus simplement de passer au-dessus de certains notions qui me posaient des problèmes.

Je terminerai en citant une phrase que j'ai trouvé dans le second livre des mêmes auteurs qui explique en gros ce qu'est la science :

Le progrès scientifique consiste à raconter des mensonges toujours plus convaincants à des enfants toujours plus mûrs.
La science du Disque-Monde II : Le Globe, Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

jeudi 3 décembre 2009

Un commencement difficile

On peut penser ce que l'on veut, mais commencer le métier d'enseignant avec des classes comme celles que je commence c'est extrêmement difficile. J'ai eu cinq heures de cours avec mes quatre nouvelles classes lundi et mardi, et j'ai découvert des choses assez impressionnantes.

Il était convenu que j'arriverai avec une demi heure d'avance afin de pouvoir rencontrer le principal adjoint avant de prendre les classes. Je me suis permis d'arriver avec une heure d'avance. Mon collègue et ami F-Prof qui travaille là bas m'a montré ma salle et m'a expliqué quelques petites choses. Je suis ensuite allé au bureau de l'adjoint qui est arrivé avec du retard. Sur les dix minutes qu'il restait, un enseignant est entré dans le bureau sans se faire annoncer et a discuté avec l'adjoint pendant cinq minutes. J'ai donc dû finalement prendre mes classes sans aucune aide.

Je n'avais pour l'occasion que la liste des élèves, mais pas leurs photos. Et ce fut ma première erreur. Ils ont tout simplement refusé de me donner leur vrai nom, s'amusant à se prétendre d'autre, à répondre présent à plusieurs noms. Après m'avoir fait tourner en bourrique pendant quinze bonnes minutes je me suis énervé et ils se sont retrouvés à faire du copiage de livre.

L'autre classe qui m'a posé des problèmes est également très particulière. Incapable de se taire, refusant de travailler, le stagiaire qui m'a précédé n'a pas su les tenir, et reprendre le contrôle de la situation va être compliqué. Heureusement que je suis soutenu par mes proches et notamment F-Prof car sinon mes semaines deviendraient très dures.

Les deux autres classes que j'ai là bas sont d'un niveau faible, sont difficiles à mettre au travail, mais savent respecter les règles que j'impose. Je pense qu'avec elles-deux je vais réussir à faire quelque chose. Nous verrons bien pour les autres.

Je suis tout de même très étonné de découvrir un collège comme cela. C'est presque une zone de non droit. La direction est en guerre avec le corps enseignant. Les élèves sont insultants et n'ont rien à faire de tout ce qui se passe. C'est ce que j'aurai envi d'appeler une "zone perdue". Je verrai bien l'évolution au cours de mes heures là bas.

Y-Prof sera bientôt blindé...

lundi 30 novembre 2009

Une question de vocabulaire

Depuis cette année je suis un TZR : Titulaire en Zone de Remplacement. Mais en fait par raccourcis j'attends plus qu'on nous appelle les ZR. Donc finalement nous ne sommes pas des Remplaçants mais des Zone de Remplacement... Ça nous déshumanise un peu non ?

Le conseil d'administration

Mardi dernier j'ai eu mon premier conseil d'administration. Cette réunion avait pour but de présenter le budget de l'établissement et de voter différents points.

Sur 24 personnes inscrites au conseil nous étions 21. Apparemment un tel score est rare. Ces personnes se partageaient entre le corps enseignants, le corps administratifs, les personnels ATOS (personnels Administratif, Techniciens, Ouvriers, Santé), des représentants de la commune et du conseil général ainsi que les délégués des délégués d'élèves et les délégués des délégués de parents d'élèves. En tout cas cela faisait du monde.

Nous avons commencé par les affaires pédagogiques.
Dans un premier temps nous avons voter la constitution des différentes commissions : le conseil pédagogique, la commission permanente, le conseil de vie scolaire, le conseil de discipline, la commission appel d'offre et la commission sociale. Je fais parti de certaines de ces commissions et j'aurai peut être l'occasion d'en reparler au cours de l'année.
Suite à cela nous avons parlé de l'école ouverte, du rallye mathématique, de la journée de solidarité. Je reviendrai sur ces points plus tard.
Ensuite la direction nous a présenté le fonctionnement de l'accompagnement éducatif, où j'apparais plusieurs fois. Et enfin l'organisation des portes ouvertes dont je fais également parti.

Après ces quelques informations nous sommes passés à la partie qui m'intéressait le plus : le budget. Effectivement je me pose, depuis que je suis enseignant, cette question : mais combien coûte donc un établissement scolaire ? Et bien j'ai appris quelques choses intéressantes.
Je ne vais pas vous faire la liste de tout ce que coûte un établissement scolaire ni donner toutes les entrées comptable du budget, c'est limite indigeste. Cependant je vous propose quelques entrées pour vous expliquer comment cela marche. Toutes les dépenses que je vais donner sont des estimations pour l'année 2010.

L'achat des manuels scolaires est de 5000 €, l'impression des carnets de correspondance est de 1200 €. Le crédit ouvert pour les photocopies est de 4300 € (et oui on photocopie beaucoup chez nous).

Je n'avais pas du tout penser aux factures d'électricité, de gaz et d'eau, et pourtant... En moyenne le collège consomme 160.000 kWh d'électricité en un an, ce qui revient donc à 16000 € ; 600.000 kWh de gaz, ce qui revient à 27600 € ; et 1400 m3 d'eau, ce qui revient à 5500 €. Tout cela nous fait une belle facture d'environ 50.000 €. C'est pas mal.

La demi-pension a elle aussi un coût important. L'achat des denrées s'élève à 68.000 €. Il faut savoir qu'en fait dans le budget de l'intendance il y a le détail. Le prix de la viande, du poisson, du pain, du riz, des légumes et ainsi de suite. C'est assez impressionnant.

N'oublions pas également qu'il y a des subventions. Elles sont là pour payer le fonctionnement du collège, les différentes sorties, des renouvellements de certains choses.

Au bilan le budget doit s'équilibrer, c'est-à-dire qu'il faut autant de dépense que de recette. Le budget du collège s'équilibre autour de 310.000 €.

Enfin je terminerai sur quelques sorties scolaires. Nous avons eu le détail des nouvelles sorties prévues pour 2010, combien elles couteront et comment elles sont financées. Le collège trouve des subventions de façon à ce que toutes les sorties scolaires soient totalement gratuites pour les élèves. Il y a des sorties organisées par l'extérieur qui n'ont dont aucun coût pour le collège. Il y a d'autres sorties dans la région ou bien un peu plus loin. ces sorties coûtent entre 230 € pour les moins chères jusqu'à 1600 € pour la plus chère.

Après cela nous avons eu droit à un petit buffet. Nous avons pu parler un peu entre nous de choses et d'autres. J'ai trouvé très intéressant d'apprendre tout cela. J'encourage les nouveaux enseignants à intégrer les conseils d'administration au moins une fois en début de carrière, ou bien de demander à être invité à l'un d'eux.


jeudi 19 novembre 2009

La cellule d'aide à la mobilité

Les mouvements de mutation académique sont très compliqués. De ce fait le ministère a décidé de mettre en place une cellule de conseils téléphonique afin d'aider les enseignants à faire les bons choix.

Comme je souhaite muter cette année, j'ai donc décidé mardi soir d'appeler cette cellule afin de voir ce que je peux glaner comme information. Je n'attends presque pas et c'est une bonne nouvelle. Je dois donc me présenter : nom, prénom, académie d'affectation.

Les problèmes commencent lorsque je décris mon poste : titulaire stagiaire. Naturellement la personne au bout du fil ne comprend pas comment je peux être les deux. Je lui explique donc calmement que je suis titulaire du concours du CAPES et que je suis stagiaire agrégé. Il me dit donc que je suis stagiaire en situation (c'est à dire non-titulaire). Je lui explique donc que je suis titulaire d'un poste de remplaçant dans mon académie.

A ce point la conversation va tourner en rond pendant presque dix minutes. Il commence alors à en avoir marre et me précise que trois de ses supérieurs sont en train d'écouter et lui donne parfaitement raison. Je décide donc de battre en retraite et d'écouter ce qu'il a à m'apprendre. Selon lui je dois donc impérativement muter et je n'ai aucune certitude de rester dans mon académie puisque je ne suis pas titulaire. Et c'est reparti pour un tour de "on ne se comprend pas".

Après encore quelques minutes il décide enfin d'aller chercher mon dossier informatique. Après une courte pause il me dit : "J'ai votre dossier sous les yeux. Vous êtes donc titulaire du CAPES et stagiaire de l'agrégation. Vous êtes donc titulaire de votre poste de remplaçant et l'on ne peut pas vous le retirer puisque vous êtes titulaires." J'ai un curieux sentiment de supériorité écrasante à ce moment là. Il continue donc en me disant : "Votre situation est trop particulière pour que l'on puisse vous renseigner sur quoi que ce soit. Veuillez vous rapprocher de votre rectorat pour plus d'information. Bonne soirée". Et là c'est un curieux sentiment d'avoir perdu 23 minutes qui m'envahit.

Bref, j'espère que cette cellule vous sera utile...