mardi 2 décembre 2008

La première visite

Voilà ma première visite finie. En bilan je pense que cela s’est bien passé, mais il faudra attendre le compte rendu de J-IUFM pour en être sûr.

J'arrive au lycée à 7h20 afin d’avoir bien le temps de tout préparer. Naturellement malgré l’heure matinale, les deux photocopieuses sont prises. J’attends patiemment qu’une d’elles se libère. Une femme est en train de râler contre la photocopieuse parce que le papier n’arrête pas de bourrer la machine, et sur l’autre un homme fait des tests de mise en page. Je bous intérieurement, mais bon j’ai encore du temps.

À 7h35 j’ai enfin une photocopieuse. En cinq minutes tout est prêt et je fonce au troisième étage dans ma salle. Naturellement le vidéoprojecteur est bien là, mais il n’est pas installé. Je commence donc à tout préparer quand j’ai l’idée de regarder mon portable pour voir que j’ai loupé un coup de fil de numéro inconnu quelques minutes plus tôt. Je rappelle en présumant que c’est J-IUFM, et effectivement c’était lui. Il s’est fait jeter à l’entrée du lycée (eh non on ne peut pas garer sa voiture à l’intérieur de l’établissement si on n’y travaille pas). Il a trouvé une place un peu plus loin dans la rue, et il arrive au lycée. Comme il ne connaît pas l'établissement je me propose d’aller le chercher à l’administration.

À 7h45 je suis de retour dans ma salle avec J-IUFM que j’installe tout au fond. Je lui apporte tous les documents dont il pourrait avoir besoin et je retourne à mon vidéoprojecteur qui ne marche apparemment pas. Je m’excuse auprès de mon « invité » et je fonce chercher mon tuteur pour de l’aide. Ça tombe bien il venait dans ma salle pour saluer mon superviseur et il me montre donc le bouton du portable qui permet de tout faire marcher avec une simplicité déconcertante.

Me voilà fin prêt… enfin presque. Je sors les documents, je règle l’angle et la netteté de la projection, je souffle un bon coup. Ça sonne et c’est parti pour le spectacle.

J’avais tout préparé, prévu les réponses des élèves, varié les activités, minuté ma « représentation ». Naturellement les élèves qui me gênent habituellement continuent, j’essaye de les gérer mais je finis par laisser faire vu que je suis trop concentré sur mon cours. Je sais que cela va m’être reproché, mais mon cerveau est concentré sur d’autres fonctions. Le cours passe vite, les animations plaisent, j’ai de nombreuses questions, je sens que les élèves s’intéressent. Il faut dire que j’ai vraiment tout prévu pour les captiver un maximum.

Enfin la sonnerie de fin retentit. Je donne les exercices supplémentaires aux deux élèves qui n’avaient pas fait leurs devoirs. Je parle avec une élève qui va être absente au prochain devoir surveillé afin de trouver un nouveau créneau, et je discute avec un élève toujours absent qui recommence à venir à mon cours. J-IUFM semble apprécier le suivi et l’écoute que j’offre aux élèves.

Je range rapidement la salle en m’excusant car j’ai cours dans moins d’une heure. Puis je vais m’installer à côté de mon superviseur pour notre « discussion ».

Tout d’abord il me fait remarquer que dans la précipitation du matin je me suis trompé de cahier de texte, et que j’ai pris celui d’une autre classe. Ça commence bien…

Il me reproche de ne pas avoir donné mes progressions sur trois semaines comme demandé à l’IUFM. Je lui montre que je les lui ai données en fait, mais il n’avait pas vu… Et là il s’étonne de voir que j’ai prévu sur 2 mois. Et oui je prévois, je suis un drogué de l’organisation.

Les points qui n’allaient pas dans les séances sont ceux auxquels je m’attendais. J’ai du mal à gérer les prises de paroles spontanées des élèves. Je menace mais je ne sanctionne pas assez, donc les élèves en profitent. Ce sont les points que me reproche aussi S-Prof.

Et par contre je reste sans voix par la suite. « Vos documents sont excellents, pas une seule faute. Vous avez captivé vos élèves et vous avez respecté les consignes de l’IUFM parfaitement. Les élèves sont complètement acteurs de votre cours… et justement ils le sont trop. On a l’impression que c’est eux qui font le cours. En fait vous suivez trop les consignes de l’IUFM. Il y a des moments où les élèves doivent être passifs. »

Alors là je suis épaté. On nous « gonfle » depuis le début de l’année justement pour que l’on fasse exactement ça. J’ai tout préparé en vue de ce résultat et ça ne leur plait pas… Lorsque j’en ai parlé à S-Prof après la séance, il m’a dit qu’il n’avait jamais entendu cela et que franchement il trouvait que ça devenait n’importe quoi.

Depuis ce moment j’ai bien entendu eu le temps de méditer sur tout cela. Je crois que je commence à comprendre ce que voulait dire J-IUFM. Je pense qu’en fait en les stoppant de temps à autre pour, par exemple, les faire écrire, pour les forcer à suivre mon esprit et non plus le leur, ils sont obligés de se calmer et donc je raffermis mon autorité. Mais est-ce bien vrai ? En tout cas c’est vraiment n’importe quoi.

En bilan il ne m’a pas dit si mon cours lui convenait ou pas. Il a juste dit les points positifs et négatifs. J’ai senti qu’il était satisfait, mais bon je peux me tromper. Il a terminé l’entretien avec 10 minutes de retard par la question : « Et finalement le boulot vous plait ? »

Et j’ai répondu honnêtement : « J’adore ce que je fais. »

Je suis arrivé à mon cours suivant bien en retard, avec mes élèves déçus que je ne sois pas absent. J’ai fait mon cours un peu dans un autre monde puis je suis rentré chez moi content et épuisé. Prêt à continuer mes préparations car bientôt j’aurai moins de temps, beaucoup moins de temps.

2 commentaires:

Thomas Berthelon a dit…

J'ai trouvé cet article intéressant, les remarques de J-IUFM, l'analyse sur ta façon de gérer les élèves...
Je vois que tu es un drogué de l'organisation, tu m'épates (j'en suis très loin, c'est pour ça)

Continue comme ça, en tout cas, je continue de te lire :-)

Y-Prof a dit…

Bah tu me connais Thomas, tu sais bien que j'aime être organisé.
Le problème c'est que les élèves ne le sont pas autant que moi, et qu'il est parfois dur de prévoir ce qu'ils vont trouver pour ralentir le cours.
Mais c'est ça l'imprévu de l'enseignant et le fait de se débarrasser du cours magistral. Si on avait le droit de continuer à faire taire les élèves, tout serait différent et certainement moins intéressant.
Je te dirai ça dans un an :)