mercredi 14 janvier 2009

Une envie insolite

Lors de mes années au collège j’avais une bien mauvaise habitude qui est commune à tous les élèves, ou presque. Lorsqu’en journée mes camarades et moi recevions la consigne d’un devoir à faire sous une huitaine, nous nous empressions de mettre de côté ce parasite voué à dévorer notre temps libre. Ce n’est que la veille ou l’avant-veille que, par un curieux instinct de survie scolaire, le devoir venait se rappeler à notre présence, empli d’une sourde jouissance de nous avoir acculés à un délai des plus restreint.
Nous n’effectuions guère un travail efficace, l’empressement et l’ennui se mêlaient pour tisser un écrit souvent maigre et ignare. Loin d’éprouver une quelconque culpabilité face à ce manque flagrant de bonne volonté, nous nous réjouissions d’avoir terminé ce travail de bas étage qui aurait dû nous emplir d’une confusion méritée.
Bien entendu, étant le modus operandi de tous mes camarades, notre professeur ne pouvait se résoudre à nous sanctionner de façon méthodique et avec toute la sévérité qui était sensé nous échoir. Nous nous contentions des quelques remontrances proférées ainsi que des notes mauvaises mais guère médiocres.
Parfois encore un élève, dans sa précipitation, avait réussi à saisir un des fruits de la connaissance, et obtenait une note s’élevant au dessus de la masse des nôtres. Face aux louanges de notre professeur, nous nous amusions de la grossière erreur qu’il commettait en imaginant, pour ce devoir, une implication de qualité.
Et pourtant nous aurions dû écouter les conseils de tous ces enseignants qui ont jalonné le parcours menant de notre enfance vers notre condition d’adulte. Peut-être que loin de reprendre l’exemple fort peu attractif de cette fable de La Fontaine pour un cas plus concret, nous aurions alors pu comprendre la réelle signification de ce proverbe : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».


C'est en lisant la nouvelle Le proverbe de Marcel Aymé que j'ai eu l'envie de faire ce devoir qui a valu un 3 à monsieur Jacobin.
J’ai pour ma part toujours pris le contrepied de ce dont je parle. Voulant consacrer mes week-ends à mes lectures, j’effectuais toujours mes devoirs le jour même de leur annonce. L’incongruité de ma démarche a toujours laissé perplexe mes proches, et pourtant c’est bel et bien la façon la plus adaptée pour travailler.
Même si encore aujourd’hui j’essaye de m’astreindre à un tel comportement, j’ai plus de mal à garder la rigueur qui m’était naturelle il n’y a pas si longtemps.
Finalement je dirais que le proverbe qui correspond le mieux à tout cela est encore : « Point ne sert de remettre à plus tard ce que l’on peut faire à l’instant ».

4 commentaires:

Thomas Berthelon a dit…

Tu faisais tes devoirs le jour de leur annonce ? o_O
Mais tu n'es pas humain ! Allez, avoue, tu viens de Krypton, c'est ça ?

Y-Prof a dit…

Parfois je me demande si je n'en suis effectivement pas un. Mais bon c'était mon mode de fonctionnement, j'avais en contre partie presque tous mes week-end de libre (dont je ne faisais en fait rien).
Franchement quand on me dit que mes plus belles années c'était mes années d'étude, moi je dit non.

Signé le sélénite

CHRIS a dit…

Donc, si j'ai bien compris, c'est ton professeur qui était un modus operandi... Heureusement que ce n'est qu'un personnage de fiction, sinon ça lui aurait sûrement fait beaucoup de peine ! :p

Et sinon, moi aussi j'essayais de me débarrasser des longs devoirs chiants (style rédacs) le plus tôt possible ; peut-être pas le jour-même, mais en général dans les 3 jours qui suivaient...

Signé un Goa'uld

Y-Prof a dit…

Le modus opérandi fait référence au fonctionnement des élèves et non à l'enseignant.
Je me souviens mal de mes cours de français du collège. Je ne sais même pas si je les aimais. D'ailleurs j'ai une vieille rédaction quelque part, j'essayerai de la ressortir.

Quand je pense que j'étais aussi sérieux que toi, ça a de quoi me désespérer ^^