lundi 7 décembre 2009

Les chroniques de Rose Polymath

Tant que je suis dans la vulgarisation j'en profite pour faire une petite référence littéraire que je dois à mon regretté G-Prof, décédé bien trop tôt, à qui je dois nombreuses de mes réflexions.

Ian Stewart, dont j'ai parlé dans mon post précédent, est un mathématicien qui a travaillé notamment sur la vulgarisation scientifique. Je l'ai découvert à travers trois bandes dessinées passionnantes.

Les chroniques de Rose Polymath comptent trois tomes : Ah les beaux groupes, Les fractals et Oh! Catastrophe. Ces trois ouvrages traitent des trois théories mathématiques du même nom. La particularité de ces livres est qu'ils expliquent de façon abordable pour tout un chacun des théories mathématiques qui sont assez compliquées à comprendre lorsque l'on est pas matheux.

Ces livres ont été publiés en France dans les années 80 aux éditions Belin. Si vous avez l'occasion de les trouver, essayez de les lire, ils en valent le détour.

Les mensonges pour enfants

J'aimerai ici parler d'un sujet qui m'intéresse tout particulièrement. Ce concept n'est pas de moi, j'ai eu l'occasion de le trouver dans un ouvrage de vulgarisation coécrit par messieurs Jack Cohen et Ian Stewart, sur une illustration littéraire de l'œuvre de Terry Pratchett.

Toute la question est ici de voir l'éducation comme un mensonge intelligent que l'on utilise afin que l'enfant à éduquer puisse comprendre une notion trop vaste pour sa maturité. C'est effectivement une grande partie du travail d'enseignant : trouver le mensonge le plus adapté à la situation.

Prenons un exemple : l'arc-en-ciel. Tout le monde a déjà vu un arc-en-ciel, et tout le monde c'est déjà demandé "Pourquoi voit-on un arc-en-ciel après la pluie ?". Et c'est là que tous les scientifiques donnent la même réponse : c'est à cause de la réfraction de la lumière par les gouttes de pluie. Vous avez déjà tous fait l'expérience de la réfraction, soit en utilisant un prisme, soit en observant les arcs colorés qui apparaissent sur un CD (c'est en fait lié aux multitudes de minuscules sillons dans le CD qui sont tous orientés de la même façon, on appelle cela un réseau) ou encore par d'autres méthodes moins connues. Et alors c'est effectivement logique de se dire : et bien l'eau va réfracter la lumière du Soleil et op ça forme un arc-en-ciel.
Et c'est totalement faux. Mais pourrait-on dire la vérité à un élève ? Il ne comprendrait pas du tout cette notion si commune mais ô combien complexe. Pour vous montrer dans les grandes lignes sachez qu'un arc-en-ciel n'est pas le fait d'une réfraction "normale", la preuve en est que quelque soit votre position par rapport à l'arc-en-ciel, ce dernier ne bouge absolument pas (regarder bien ce phénomène lorsque vous "fabriquez" un arc-en-ciel en arrosant votre jardin). C'est un phénomène lié à la nature ondulatoire de la lumière, les gouttes de pluie forment un immense système diffractant périodique et une interférence d'onde produit l'arc-en-ciel, c'est un phénomène quantique.
Vous avez compris ? C'est peut-être pour cela que le phénomène de l'arc-en-ciel se voit en bac+5 et non au lycée.

Pour en revenir au sujet de mon post, je trouve cette notion de mensonge pour enfant extrêmement intéressante. Elle m'a permis de voir mon enseignement sous un jour nouveau qui me permet plus simplement de passer au-dessus de certains notions qui me posaient des problèmes.

Je terminerai en citant une phrase que j'ai trouvé dans le second livre des mêmes auteurs qui explique en gros ce qu'est la science :

Le progrès scientifique consiste à raconter des mensonges toujours plus convaincants à des enfants toujours plus mûrs.
La science du Disque-Monde II : Le Globe, Terry Pratchett, Ian Stewart & Jack Cohen

jeudi 3 décembre 2009

Un commencement difficile

On peut penser ce que l'on veut, mais commencer le métier d'enseignant avec des classes comme celles que je commence c'est extrêmement difficile. J'ai eu cinq heures de cours avec mes quatre nouvelles classes lundi et mardi, et j'ai découvert des choses assez impressionnantes.

Il était convenu que j'arriverai avec une demi heure d'avance afin de pouvoir rencontrer le principal adjoint avant de prendre les classes. Je me suis permis d'arriver avec une heure d'avance. Mon collègue et ami F-Prof qui travaille là bas m'a montré ma salle et m'a expliqué quelques petites choses. Je suis ensuite allé au bureau de l'adjoint qui est arrivé avec du retard. Sur les dix minutes qu'il restait, un enseignant est entré dans le bureau sans se faire annoncer et a discuté avec l'adjoint pendant cinq minutes. J'ai donc dû finalement prendre mes classes sans aucune aide.

Je n'avais pour l'occasion que la liste des élèves, mais pas leurs photos. Et ce fut ma première erreur. Ils ont tout simplement refusé de me donner leur vrai nom, s'amusant à se prétendre d'autre, à répondre présent à plusieurs noms. Après m'avoir fait tourner en bourrique pendant quinze bonnes minutes je me suis énervé et ils se sont retrouvés à faire du copiage de livre.

L'autre classe qui m'a posé des problèmes est également très particulière. Incapable de se taire, refusant de travailler, le stagiaire qui m'a précédé n'a pas su les tenir, et reprendre le contrôle de la situation va être compliqué. Heureusement que je suis soutenu par mes proches et notamment F-Prof car sinon mes semaines deviendraient très dures.

Les deux autres classes que j'ai là bas sont d'un niveau faible, sont difficiles à mettre au travail, mais savent respecter les règles que j'impose. Je pense qu'avec elles-deux je vais réussir à faire quelque chose. Nous verrons bien pour les autres.

Je suis tout de même très étonné de découvrir un collège comme cela. C'est presque une zone de non droit. La direction est en guerre avec le corps enseignant. Les élèves sont insultants et n'ont rien à faire de tout ce qui se passe. C'est ce que j'aurai envi d'appeler une "zone perdue". Je verrai bien l'évolution au cours de mes heures là bas.

Y-Prof sera bientôt blindé...